Trains des Amériques

Constructions

X-12 : une locomotive atomique en impression 3D

Sauf mention contraire, Texte et photos : Chrisbrw
Trains des Amériques, février 2023

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’atome apparaît comme la source énergétique du futur. Dans l’insouciance du moment on l’imagine partout dans notre quotidien, pour produire de l’électricité, de la chaleur, pour propulser nos voitures … et même nos avions. Bien entendu, les trains n’allaient pas être laissés de côté !

Pour Chrisbrw, une locomotive atomique était une superbe occasion de lancer dans une impression 3D unique !

L’idée est simple : plutôt que de tirer une longue caténaire pour fournir le courant aux locomotives, il suffit d’embarquer un réacteur nucléaire, et hop ! Que peut-il se passer de mal avec une charge nucléaire fonçant sur ses rails à travers campagnes et villes et franchissant ouvrages d’art et … passages à niveaux ?

Heureusement l’insouciance, calmée aussi par le dossier économique d’un tel projet, a conduit à le laisser sur les planches à dessin.

C’est à l’occasion de mon déménagement, et de l’inévitable tri qu’il a entraîné, que j’ai découvert, dans La vie du rail de 1956, un article sur les études publiées sur ce sujet.

Après recherche sur le Net, j’ai trouvé trace de projets similaires : Soviétique, Allemand et Américain. J’ai retenu ce dernier car un dessin précis était disponible … et suffisant ; n’ayant jamais vu le jour et, comme tous les projets, susceptible d’avoir évolué des dizaines de fois avant son lancement en fabrication (et même après), liberté m’est donnée pour interpréter les éléments non documentés.

Le réacteur mesurerait environ 1m x 1m sur 30 cm de large et serait protégé dans un double sarcophage pesant à lui seul plus de la moitié du poids de la loco. A noter que la vapeur « faiblement radioactive » ne serait pas contenue dans l’enceinte close mais condensée et réutilisée !! Elle ne serait toutefois pas utilisée pour le chauffage de la rame ! L’autonomie sans refueling serait énooorme !

On notera que j’ai plusieurs fois utilisé le mot « nucléaire » désormais utilisé pour moins effrayer, mais qu’à la fin des années 1950, seul « atomique » est employé … de notre cuisine à la bombe .

Pour clôturer cette introduction, je mettrais en évidence la (très heureuse) lucidité du rédacteur de La vie du rail :

« La traction électrique par énergie d’origine nucléaire est, par contre, appelée à entrer dans les faits à partir du moment où des centrales atomiques débiteront sur le réseau général. »

Le modèle réduit

Satisfait (bien que conscient de nombreuses erreurs !) par mon modèle de DDA-40X [1], je garde l’échelle HO pour ce projet ; j’ai voulu l’utiliser pour me lancer un nouveau défi : la réalisation de formes évolutives !

Le nez de la machine est à ce point de vue un vrai challenge pour ma non-connaissance et non-maîtrise des logiciels de dessin. Après beaucoup de galère, j’obtiens ceci :

On va se dire que, moins d’un an après avoir découvert la 3D, ce n’est pas si mal (je me dis ça à moi-même, ça évite de savoir ce qu’en pensent les autres 😉).

Pour autant, la machine n’est pas finie : il reste plus de 40 mètres de l’engin à reproduire ! C’est là que de drôles d’idées passent dans mon cerveau : au lieu d’assembler des côtés imprimés individuellement (comme utilisé dans la DDA-40X, cabine exceptée), pourquoi ne pas imprimer tout le corps en une seule pièce ? Toutefois, il y aura plusieurs sections :

  • de la cabine au réacteur,
  • le réacteur,
  • du réacteur à l’articulation,
  • le condenseur.

À tant que faire, pourquoi ne pas réaliser une coque creuse permettant (bien que je ne croie pas à cette option) de placer motorisation, sonorisation, éclairage … Il n’y a pas vraiment de gain de temps ou de matière :

  • en coque pleine une structure « nid d’abeille » est générée automatiquement à l’impression pour réaliser ce genre d’économies,
  • en coque creuse, il est nécessaire de réaliser une structure porteuse pour éviter que le toit ne soit déformé (la matière fondue étant déversée dans le vide) et les parois doivent être plus épaisses pour résister aux manipulations, le seul bénéfice ainsi généré est donc la place disponible.

Voulant conserver un bon niveau de détail (ventilateur, grilles) l’option « impression fine » conduira à plus de 24 heures d’impression :

Évidemment, première expérience oblige (ça c’est pour ma défense 😉) il y aurait quelques corrections à apporter, mais … d’abord mon modèle commence à être chargé (certainement mal organisé) et des corrections minimes le font régulièrement planter, et puis … 24 heures !

Le réacteur ⚛️

Beaucoup plus simple, on ne va pas s’en contenter et je vais lui ajouter l’arrière du corps de la machine. A l’avant un important tenon rentrera dans le corps (creux) déjà réalisé et assurera collage et rigidité. Abandon de la « coque creuse » et donc gain de temps puisque 23 heures 24 minutes suffiront !!!

N’ayant aucune idée de la livrée qu’aurait pu arborer cet engin, j’ai choisi une finition en gris-neutre, qui correspond exactement (!) à la couleur de l’apprêt que j’ai acheté dans un magasin spécialisé (Act10n pour ne pas le nommer). Toutefois pour éviter un aspect triste j’ai voulu ajouter quelques éléments décoratifs. Vous aurez remarqué le logo « AtOmic locomotive » sur l’avant de la machine, il me fallait évoquer l’atome sur le réacteur aussi :

Phase 1, la pièce finie d’imprimer, en 2 apprêt blanc, en 3, masque en Vénilia® (découpé sur machine Silhouette), en 4 premier voile de peinture noire … masque enlevé après une deuxième couche de noir.

Il ne reste « plus » que le condenseur à réaliser

Le condenseur

Fini les pièces « massives », je repars sur des éléments à assembler. Les côtés sont plans :

On va y revenir.

Le dessus … le dessus est légèrement incurvé, ça on sait faire, mais il y a 8 ventilateurs identiques à placer ; chacun est dessiné en de nombreux éléments (disques pleins et disques creux imbriqués, raidisseurs, forme évolutive, …) et je ne sais pas dupliquer (ou octopliquer) un ensemble de formes ! Une à une c’est faisable mais fastidieux. Alors, mon but n’étant pas de faire de manière officielle et stylée, mais de faire, je vais bidouiller.

Le ventilo est transformé en objet, comme le toit brut, et je repasse sous Tinkecad pour multiplier les ventilos et les assembler. Je n’ai donc pas de fichier source, mais j’ai ma pièce !

J’ai promis de reparler des côtés ; je voulais que les grilles soient très fines et ne soient pas collées à la paroi. J’ai donc laissé une réserve dans laquelle je compte placer des pièces réalisées à part.

Le dessin ne pose aucun problème : des barres entrelacées régulièrement espacées. La surprise vient du « Slicer » qui ne « voit pas » mon dessin.

Ma pièce est trop fine (0,15mm) et le fichier résultat est … vide !
Je viens de dire, seul le résultat compte, pas le moyen, alors … bidouille bis.

Le fichier que lit l’imprimante n’a pas une structure bien compliquée, un petit tour sur Internet, et je l’écris « à la main ». En fait, j’ai créé une macro sous Excel, dans laquelle je rentre les déplacements et qui calcule les paramètres correspondants (essentiellement longueur du trait et volume de matière pour gérer l’épaisseur … et vouala (comme ils disent là bas 😉).

On remarquera d’autre modèles où la macro du tableur aide particulièrement à calculer les points d’arrêt dans les angles.

Il ne reste plus qu’à assembler le tout.

Les bogies et les roues

Pour les roues, ce sera « du commerce » (je rappelle que j’imaginais que ce modèle puisse être motorisé, donc autant lui fournir de bonnes roues). Les bogies reprennent la même base que la DDA-40X, avec toutefois les flancs de bogie adaptés (autant qu’on puisse en juger sur le dessin de l’article).

Assemblage

Le dessin montre le deuxième double bogie identique au premier … ce qui place l’axe de pivotement sur le soufflet puisque cet élément soutient l’arrière de la loco et l’avant du condenseur !! Je pense qu’en fait il faudrait tout simplement deux bogies simples et un attelage standard entre les deux ensembles. Trop tard, les pièces sont faites, personne n’en saura jamais rien (je compte sur votre discrétion) et de toute façon, c’est décidé, la machine restera statique !

J’ai tout assemblé, bogies bien sécurisés à l’Araldite et … j’ai oublié de poser les vitres de la cabine !?! Nooon !! Eh ben si !

Attention, l’explication qui suit peut choquer les plus sensibles ! Ne voulant pas tout démonter, j’ai décidé de glisser le vitrage par les interstices laissés libres sous la machine ; mais le plexiglas, trop rigide, quitte les pinces, se couvre de colle ou se colle où il veut sur les parois. Finalement ce sera du papier vaguement peint en bleu (horreur et abomination) !

Rendez-vous bientôt pour une autre locomotive en 3D !


Notes

[1On en reparlera ! — La Rédaction



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Crédits : sauf mention contraire, texte et photos par Chrisbrw ; CC-BY-NC-SA ; Trains des Amériques, Trains des Amériques.

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