Trains des Amériques

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Produits américains : quelles équivalences en Europe ?

Sauf mention contraire, Texte et photos : BEn
Trains des Amériques, juillet 2022

Le fait qu’un océan sépare les modélistes américains de leurs homologues européens créé nécessairement des différences importantes dans les produits à leur disposition pour pratiquer le modélisme ferroviaire.

Malheureusement, des produits facilement accessibles outre-Atlantique sont impossible à trouver chez nous ! Mais rassurez-vous, des équivalences existent. En voici quelques unes.

Testors Model Master, Floquil et PollyScale

Floquil et PollyScale étaient pour de nombreux modélistes nord-américains les peintures de référence.

Testors, le fabricant, a arrêté la production en 2013, les formules étant toxiques comme pour beaucoup d’autres peintures. À mesure que le temps passe, et malgré les stocks constitués par les modélistes, tout le monde commence à voir le fond des pots ! Si quelques peintures ont rejoint la gamme Model Master Acrylic, il y a à présent des manques. Que faire ?

Joe Fugate, le patron de Model RailRoad Hobbyist, a retroussé ses manches et à publié un guide très complet de conversion des 72 teintes Floquil et PollyScale vers leur équivalent en acrylique.

Ce guide est disponible pour les personnes abonnées à sa revue, qui est gratuite. Créez-vous un compte, et vous aurez accès au guide ainsi qu’à une excellente revue. Le guide couvre la conversion depuis les gammes Floquil et PollyScale vers les marques Testor Model Master, Vallejo (gammes Air et Game), MicroLux et MODELflex.

Du côté des alternatives, on ne présente plus la marque espagnole Vallejo et ses gammes riches de couleurs, bien plus facilement accessible en Europe que des trois suivantes. Testors Model Master est la continuité des gammes Floquil et PollyScale, mais parfois approximativement. Les teintes Model Master sont à destination des modélistes militaires, donc certains tons sont parfois un peu rabattus. MicroLux est la gamme de peinture de Micro-Mark, fabriquée par... Vallejo. Elle propose principalement des peintures pour la patine qui ont toutes leur équivalent chez Vallejo. La marque américaine Badger MODELflex propose elle 120 couleurs, toujours en acrylique.

Extrait d’un tableau de conversion issu du guide de Joe Fugate
Les peintures Floquil et PollyScale étaient désignées par un nom. Les équivalences sont listées à droite de l’échantillon : « MM » pour Model Master, « VMA » pour Vallejo Model Air, « ML » pour MicroLux... « VGA », non représenté ici, désigne la gamme Vallejo Game Air.
© Joe Fugate, tous droits réservés

Ce guide est en anglais, mais les tableaux de conversion sont uniquement basés sur les références des peintures. Vous avez juste à lire les références ! Certaines teintes sont indiquées par proportions, mais le guide explique également comment combiner les peintures pour trouver la bonne teinte. Par ailleurs, Joe partage ses trucs pour stocker la peinture, pour la diluer et pour l’utiliser notamment à l’aérographe.

Si vous avez d’autres types de peintures préférées, vous pourrez ensuite facilement convertir la teinte Vallejo ou Model Master donnée par Joe dans son équivalence Humbrol, Revell, Tamiya, AK Interactive... en passant par modelshade.com. Et il ne faut pas oublier qu’en réalité ces teintes très précises sont soumises aux intempéries et finissent toujours par ressembler à autre chose !

Homasote

Le Homasote est une marque proposant des panneaux muraux à base de fibres de cellulose. Il est utilisé en modélisme ferroviaire pour isoler la voie de la structure du réseau, car ses capacités de réduction du bruit sont importantes. Il a aussi une bonne tenue quand on y plante des spikes lors de la pose de la voie.

Trouver un équivalent est une croisade chère à Alexandre Zelkine, qui a eu accès à ce Homasote quand il habitait au Québec. Il s’est retrouvé fort marri de ne pas trouver un équivalent convenable une fois revenu en Europe. Son substitut a été le « Dalosol », bien qu’il n’ait pas toutes les qualités requises.

Certaines alternatives existent en utilisant d’autres matériaux. Joe Fugate (encore lui !) utilise de l’Isorel (masonite) pour créer ses « spline roadbed ». Mais il n’utilise pas de homasote, car ce matériau est le plus sensible aux variations de température et d’humidité de tous ceux utilisés couramment pour créer la structure de nos réseaux [1].

Vis Robertson

L’argument d’Anexandre Zelkine en faveur des vis Robertson
« Ça tient tout seul au bout de l’outil ! »
Alexandre Zelkine

Autre croisade d’Alexandre Zelkine : nous convaincre que des vis à bout carré seraient plus efficaces que nos bonnes vis cruciformes... Non seulement il a raison, mais c’est prouvé scientifiquement ! Cette vis canadienne (sans doute peu connue aux USA, d’ailleurs) est la Carré Robertson. Non seulement elle est plus facile d’utilisation, mais son couple est plus important que sur les Vis Phillips, pourtant plus courantes.

À vrai dire, c’est la meilleure des vis concernant la transmission du couple ! Si cette notion de couple ne vous dit rien, ou si vous avez encore des doutes, la youtubeuse scientifique Scilabus, accompagnée du vulgarisateur historique Nota Bene, en a fait la démonstration : les Robertson sont les meilleures.

Du coup, ces vis que l’on trouve au Canada en masse sont aussi trouvables en France sous le nom de « Cécatres ». Mais il se murmure que l’on peut faire aussi bien avec des vis Torx...

Isopropyl alcohol

L’alcool isopropylique est le produit à tout faire !

Pas mal de produits destinés à diluer ou nettoyer les peintures sont à base d’alcool isopropylique : il peut dissoudre certaines peintures, en diluer d’autres pour créer des voiles de peinture (les peinture Tamiya par exemple), nettoyer... Sa faible tension de surface fait qu’il peut servir à humidifier du ballast ou de la terre qui doivent être collés.

Et si vous vous coupez, c’est un désinfectant. D’ailleurs, c’est sa première utilité, et c’est ce qui fait qu’on le trouve en vente libre en Amérique du Nord. En Europe, on se désinfecte autrement, en tout cas avec des solutions qui conviennent pour le modélisme.

Si l’isopropyl alcohol produit se trouve en supermarchés aux USA et au Canada, pour l’Europe, il faudra aller faire les yeux doux à votre pharmacien.ne ou se tourner vers un grossiste en pharmacie [3]. Pour ma part, j’en ai commandé deux litres pour 12,45 € ; une demie-bouteille d’un litre a suffi pour la préparation des sols (peinture, ballast et flocage) des 2,70 linéaires de mon réseau.

Il existe deux formules d’alcool isopropylique : à 70% et à 99%. La version à 70% est composée de 30% d’eau déminéralisée, ce qui fait que vous achetez 30% d’eau. Ne faites pas mon erreur : préférez la version non diluée et faites vos mélanges.

Dullcote

Produit « miracle » proposé par Testors utilisé par apparemment tout modéliste souhaitant matifier et protéger un modèle terminé, le Dullcote... ne s’exporte plus. Et il semble que la production se réduise comme peau de chagrin [4] ! Donc nos collègues nord-américains cherchent des équivalences.

L’un d’eux, Boomer, modéliste talentueux présent sur Youtube, a trouvé une équivalence européenne pour laquelle il est « vraiment impressionné » : le vernis mat Vallejo 28.531. Il le qualifie même de « as good as Dullcote [5] ». Moi qui cherchait à acquérir ce fameux Dullcote, je vais rester avec mon vernis. :)

Si vous avez des idées de matériaux nord-américains introuvables par chez nous, écrivez-vous : on fera un autre article avec vos trouvailles !


Et dans l’autre sens ?

Les américains ont quelques produits qui leur échappent, ou qui sont disponibles à des prix peu avenants. Par exemple, le zeechium, utilisé en Europe pour faire les arbres et les buissons : ce produit est proposé par de multiples fabricants entre 0,50 et 1 Euro pièce. Aux USA, visiblement seul Scenic Express propose un produit qui réponde aux lois concernant l’importation de graines et de végétaux. Mais le prix s’en ressent, à 40 dollars (38€) les 30 branches !


Notes

[1Joe Fugate, Make it run like a dream - trackwork, Woodburn, Oregon, MRH media, septembre 2016, 104 p. (ISBN 978-1-942932-10-9), page 31.

[2Il existe des usages d’alcool à boire (avec modération) pour le modélisme ; vous en trouverez un exemple dans le guide de Joe Fugate mentionné plus haut, où il utilise de la vodka pour diluer de la peinture acrylique.

[3Note post-publication de eric-small central : « il suffit d’aller voir sur les sites qui vendent des produits et matériel pour l’impression 3D »

[4Venant d’un produit qui porte les icônes « poison », « toxique » et « explosif », est-ce une surprise ?

[5« Aussi bien que le Dullcote. »

À propos de l’auteur

Modéliste ferroviaire depuis l'adolescence, je travaille aujourd'hui sur un réseau en N canadien orienté opérations ferroviaires. J'aime aussi sortir des sentiers battus (la voie étroite n'est jamais loin) et réfléchir à la pratique modéliste.

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