Trains des Amériques

Opérations

Opérations : les waybills en pratique

Sauf mention contraire, Texte et photos : BEn
Trains des Amériques n°4, Septembre 2020

Dans un précédent numéro, nous avons évoqué la mise en place de waybills. Mais il faut bien se rendre à l’évidence, ce type de manœuvre est plus simple à comprendre par l’exemple. Voici donc une session complète, en images (de synthèse).

Plantons le décor

Pour les besoins de l’exemple, voici l’extrêmité d’une branchline (québécoise) avec deux industries :

  • Acier Acadie, une entreprise de construction métallique et
  • Béton Boulay, une entreprise de béton.
Une petite branchline comme il en existe tant.
Ce type de plan est indispensable pour les personnes opérant ce réseau, pour qu’elle sachent où sont les industries à desservir. Les points de desserte sont déjà indiqués (voir plus bas). À droite se trouve une indispensable coulisse (flèche), qui symbolise le reste du réseau (et du monde).

Chaque entreprise génère un trafic qui lui est propre :

Industrie Réception Expédition
Acier Acadie Profilés métalliques (bulkhead flat-cars) Constructions mécano-soudées (flat-cars, bulkhead flat-cars)
Béton Boulay Ciment (covered hopper) Rien

Acier Arcadie a deux points de livraison :

  1. Réception des profilés
  2. Expédition des produits finis

Quels trafics ?

Il faut à présent établir quels wagons correspondent à quel besoins, à savoir quels types de trafics sont livrés et enlevés.

Wagon Industrie Livre Enlève
Bulkhead flat-car Acadie Profilés métalliques Constructions mécano-soudées
Flat-car Acadie Rien Constructions mécano-soudées
Covered Hopper Boulay Ciment Rien

On peut d’ores de déjà établir trois waybills pour trois wagons :

Wagon Cycle 1 Cycle 2
Bulkhead flat-car Livre des profilés métalliques chez Acadie 1 Vide
Flat-car Arrive vide chez Acadie 2 Enlève des constructions mécano-soudées de chez Acadie 2
Covered Hopper Amène du ciment chez Boulay Repart vide de chez Boulay

Le tableau des trafics montrait que le bulkhead flat-car pouvait enlever des constructions métalliques. Pour le moment, nous n’allons pas utiliser cette possibilité.

Création des waybills

Ces waybills, disponibles ici, sont remplis ainsi :

Pour des questions de lisibilité, tous les champs des waybills n’ont pas été remplis.
Pour rappel, on ne lit que la partie écrite dans le sens de lecture ; ici, les cycles 1. La partie écrite à l’envers (cycle 2) n’est pas prise en compte pour le moment.

Chaque waybill est ensuite rattaché à un wagon, et le wagon est posé sur le réseau :

Le jeu est prêt ! Ajoutez une locomotive et livrez les wagons là où ils doivent aller : c’est votre première session.

Première session

Je pars du postulat que vous savez manœuvrer un train. Donc, après quelques minutes d’efforts, vous avez livré les wagons. Félicitations ! Votre session st terminée, et le réseau ressemble à présent ceci :

Il faut à présent :

  1. vérifier que les wagons sont au bon endroit (si ce n’est pas le cas, vous avez encore à manœuvrer)
  2. « tourner les waybills » pour que les ordres du prochain cycle soient visibles en vue d’une prochaine session

Si nécessaire, déchargez ou chargez les wagons. Dans notre exemple, un chargement amovible de profilés en métal pourrait être retiré du bulkhead flatcar. Cela ajoute du réalisme.

Vous pouvez à présent aller faire autre chose, ou, pourquoi pas, faire un nouvelle session.

Nouvelle session

Une nouvelle session correspond au prochain passage de la locomotive qui vient livrer ou enlever des wagons.

En suivant les réseaux, les époques, les besoins de l’entreprise et les configurations de voie, ce nouveau passage peut avoir lieu quelques heures après la précédente livraison ou dans le courant de la semaine suivante. Pensez à faire cette ellipse, même mentalement : elle permet de se rappeler que du temps a passé pour décharger tout un train pendant que vous alliez vous faire un café.

Il faut préparer un train en coulisse. Ici, je décide de n’avoir qu’un seul wagon à livrer. Ce sera un hopper de ciment. Je prépare son waybill, le même que pour le précédent hopper, et je place le wagon derrière la loco.

Remarquez que le numéro des waybills est différent en fonction des wagons, ce qui est logique : trois sont sur leur cycle 2, car ils ont déjà servi lors d’une précédente session. Le nouveau wagon arrive sur le réseau et est donc sur son premier cycle 1.

La session commence comme indiqué sur le schéma ci-dessous. Pour vous exercer, prenez le temps de bien observer le schéma et les waybills et de trouver quel wagon va où.

Vous devez terminer votre session comme il suit :

Vous avez un résultat différent ?

Une fois la session terminée :

  1. vérifiez que vous avez les bons wagons
  2. tournez vos waybills sur le cycle suivant (1 vers 2, 2 vers 1)

Vous êtes à nouveau prêt pour refaire une nouvelle session.

Ne cédez pas à la morosité : retirez des wagons en coulisse ou changez-les. N’oublie pas de faire de même avec leur waybill : celui-ci est attaché au wagon. Mais le mieux pour ne pas céder à la morosité est d’avoir plus de cycles pour pimenter les sessions.

Un waybill à 4 cycles

Reprenons le trafic possible avec nos bulkhead flat-car. Celui-ci peut livrer des profilés métalliques chez Arcadie, mais il peut aussi en enlever. Cela se déroulerait ainsi :

  1. arrivée du wagon chargé chez Arcadie Acier 1 vers la coulisse
  2. une fois déchargé positionnement sur le point de livraison Arcadie Acier 2
  3. une fois chargé, départ vers la coulisse

Cela nous fait trois mouvements, donc trois cycles. Pour compléter un waybill « à l’équilibre », il nous en faut un quatrième cycle. Imaginons que, comme en réalité, le wagon serve de réserve pour l’entreprise :

  1. arrivée du wagon chargé chez Arcadie Acier 1 vers la coulisse
  2. déchargement progressif du wagon à Arcadie Acier 1 (cycle « ne pas bouger »)
  3. une fois déchargé positionnement sur le point de livraison Arcadie Acier 2
  4. une fois chargé, départ vers la coulisse

Il est donc possible de créer un waybill comme il suit :

Le waybill avec les cycles 1 et 2 est collé au dos du 3-4.
Et oui, il faut parfois lire à l’envers. :)

C’est reparti pour de nouvelles sessions !

Début de la session 1 :

Fin de la session 1, les waybills ont été retournés pour afficher leur cycle suivant :

Passons sur la session 2, vu que vous voyez le principe, pour sauter à la session 3. Celle-ci commence avec un nouveau train arrivant.

Un coup d’œil aux waybills montre que deux wagons vont au même endroit ! On peut donner la priorité à qui occupe déjà l’emplacement 1, le SNP 3241, pour rejoindre l’emplacement 1. Le BV 13407 (tiens, un nouveau wagon [1]) sera laissé sur une voie ou un point de livraison où il ne dérangera pas.

Fin de la session 3. Le wagon BV 13407, non livré, occupe l’emplacement Acier Arcadie 1, non utilisé. Une étiquette indique qu’il faudra replacer ce wagon lors de la prochaine session.

Important : vu que le wagon n’est pas livré, on ne tourne pas le waybill pour un nouveau cycle !

Le wagon non livré occupe l’emplacement Acier Arcadie 1, non utilisé. Une étiquette indique qu’il faudra le replacer lors d ela prochaine session.

Et après ?

On peut ainsi continuer sans fin ! La présence de deux wagons allant au même endroit casse complètement les cycles précédents. Pour le coup, il n’y a plus du tout de morosité possible.

Vous pouvez toujours varier vos wagons, ou décider, en coulisse, qu’une industrie ne sera pas livrée durant une nouvelle session. Cela permet d’ajouter encore plus de variété.

Ajouter Canada Cereals entre la coulisse et le réseau actuel ajoutera encore plus de trafic. Le nombre de mouvements est proportionnel au nombre d’industries à desservir et amène encore plus de diversité.

Le système de waybills est souple et pratique. Le mieux reste de l’essayer, et vous verrez qu’il est idéal pour ajouter une raison de faire bouger vos wagons.

Rendez-vous pour un prochain article avec des astuces pour exploiter un réseau plus grand. D’ici là, bon jeu !


Notes

[1Il peut au choix soit avoir son propre waybill, soit réutiliser celui du wagon qu’il remplace vu que le trafic est le même.


À propos de l’auteur

Modéliste ferroviaire depuis l'adolescence, je travaille aujourd'hui sur un réseau en N canadien orienté opérations ferroviaires. J'aime aussi sortir des sentiers battus (la voie étroite n'est jamais loin) et réfléchir à la pratique modéliste.

Voir sa présentation et ses articles.

Sauf mention contraire, le texte et les photos de cet article sont disponibles sous licence Creative Commons BY-NC-SA.

Crédits : sauf mention contraire, texte et photos par BEn ; CC-BY-NC-SA ; Trains des Amériques, Septembre 2020.

Permalien : https://www.trainsdesameriques.fr/?article39


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