Trains des Amériques

Test et essais & DCC

Test : la centrale NCE Power Cab

Sauf mention contraire, Texte et photos : BEn
Trains des Amériques, juin 2022

Au sein du forum US, plusieurs membres possèdent une centrale NCE. Pourquoi préférer cette solution Digitale américaine plutôt que les centrales européennes, toutes aussi compatibles ?

Réponse dans cet article écrit grâce aux efforts conjoints des membres passés et présents du Forum US : Snapper, BUBULE, Murphy, prr_t1, Ancètre, cass scenic, Galloping Goose, BougnatMan et mlec !

NCE est fondé par Jim Scorse en 1993 et propose des produits liés au DCC : décodeurs pour locomotives, accessoires et, bien entendu, un système DCC complet.

Le contenu du pack PowerCab
Il manque les fils sur la photo.
© NCE (source)

La Power Cab, qui nous intéresse aujourd’hui, est un système DCC complet, tout-en-un. Dans grande boîte que l’on reçoit on trouve :

La commande NCE Power Cab  : une télécommande pleine de boutons qui tient dans la main, qui sert aussi de centrale et de régulation de l’alimentation. Elle peut commander jusqu’à 4 locos en HO, ou 8 en N, grâce à son voltage de 13.8V et son courant à 2A.

Un transformateur d’alimentation, à connecter au 220V. Celui-ci étant fabriqué aux USA, il est équipé avec une prise 110V. Une version avec une prise 220V est proposée pour quelques dollars de plus, mais un adaptateur de voyage fait très bien l’affaire, le transfo étant compatible 110/230V.

Une interface destinée à connecter ensemble la commande et le transfo, et à connecter les fils venant du réseau.

Deux câbles : un fil plat (deux mètres de long, à utiliser) et un autre torsadé ; ce dernier est destiné à une utilisation de la commande sur un système NCE plus grand.

Un manuel complet et détaillé, dans un anglais technique mais accessible. Il fait 60 pages, démonstration des multiples fonctions de cette centrale, mais seuls les premiers feuillets sont utiles pour démarrer puis pour exploiter le réseau confortablement. Ils présentent les étapes suivantes :

Mise en route et prise en mains

La pub déclare que la mise en marche du système se fait en quelques minutes. J’ai testé, et c’est vrai !

  1. Branchez la centrale au fil plat, et le fil plat à l’interface, dans la prise de gauche.
  2. Branchez l’interface au réseau, par le domino vert présent derrière
  3. Branchez l’alim à l’interface
  4. La commande s’allume ; l’écran est rétro-éclairé
  5. Si vous avez déjà programmé une locomotive, tapez sur le clavier Select loco, les chiffres correspondant à la locomotive, puis Enter
  6. Testez les lumière de la loco avec le bouton Headlight
  7. Voilà, c’est prêt !
Les boutons de commande tombent pile sous les doigts.

Pour la commande d’une loco, la Power Cab est très ergonomique. Vous avez le choix entre :

  • les boutons Inc et Dec (pour « Increase » et « Decrease » ; « augmenter » et « diminuer »), qui correspondent à un cran de vitesse. Trois appuis sur Inc augmentera la vitesse de trois crans.
  • les boutons Inc Fast et Dec Fast, qui correspondent à quatre crans de vitesse. Trois appuis sur Inc augmentera la vitesse de douze crans.
  • la molette !

La molette, comme les boutons, sont des commandes relatives. Donc elles n’ont pas de point zéro, comme peut avoir la Lokmaus de Roco/Fleischmann. Quand vous reprenez la commande d’une locomotive déjà en marche, vous pouvez immédiatement augmenter ou diminuer sa vitesse sans vous préoccuper d’où devrait être le cran de vitesse par rapport au zéro.

Besoin de changer le sens de marche ? C’est le rôle du bouton rond Direction. Comme en réalité, le sens de marche est établi par rapport à l’avant de la locomotive. Les directions sont donc affichées sur l’écran : FRW pour « forward » (avant) ou REV pour « rearward » (arrière).

L’ensemble de ces boutons tombe pile sous le pouce quand on a la commande en mains. À l’usage, leur position devient intuitive, et on ne regarde plus où l’on met ses doigts.

L’écran est compact, mais tout y est :

  • LOC: 153 pour la locomotive 153
  • L’heure de la centrale, qui est utilisée pour les opérations (ici 00:01)
  • en dessous, le sens de la locomotive et le nombre de crans de vitesse (ici REV 003)
  • Un ensemble de tirets, correspondant aux fonctions activées. Si vous activez la lumière, le premier tiret est replacé par un « L ». Les autres fonctions sont des numéros. Ainsi, l’utilisation de la touche BELL activera la cloche, correspondant à l’option 3 (CV3).

Après les 5 premières minutes de jeu

Oui, ce qui a été décrit juste avant prend littéralement 5 minutes. Là, vous vous dites que c’est trop beau pour être vrai, et pourtant !

Il y a quelques autres boutons à explorer :

  • Momentum permet de gérer l’inertie de ma machine. L’accélération et le freinage sont alors progressif, suivant vos souhaits. Cela permet de simuler l’aspect massif des machines et des trains.
  • HORN/WHISTLE, BELL et HEADLIGHT sont les raccourcis pour les fonctions sonores et limineuses les plus couramment utilisées en exploitation.
  • OPTION est une touche que vous pouvez programmer pour vos besoins. Par exemple, pour provoquer le clignotement des ditch lights. À la sortie d’usine (et c’est très pratique), cette touche met la vitesse à zéro.
  • EMERGENCY STOP arrête votre train sans prendre en compte l’inertie ; un second appui arrête tout le réseau. Pour repartir, il suffit de changer la vitesse.
  • RECALL servira pour la suite à passer d’une machine ou d’un consist à l’autre. La mémoire de la fonction « recall » est de 6 « emplacements ».

Programmer une nouvelle locomotive

Pour programmer une nouvelle locomotive, vous devez vous assurer que seule cette loco est présente sur la voie. Autrement, toutes vos machines seront reprogrammées [1].

Votre machine est sur le réseau. Si elle sort d’usine, son adresse est 3. Tapez :

  1. SELECT LOCO
  2. Tapez « 3 »
  3. ENTER
  4. Faites rouler. :)

Mais si toutes les locomotives s’appellent 3, c’est un peu ennuyeux. Il est temps de donner un vrai numéro à votre machine, habituellement celui peint sur ses flancs. Avec une machine récente, procédez ainsi :

  1. Appuyez sur PROG 4 fois, puis ENTER
  2. Sélectionner 1 pour entrer en « programmation standard » (la commande permet bien plus)
  3. La commande demande le numéro de « MANUFACTURER », qu’elle va remplir d’elle même avec 011, le code de NCE. Une fois fait, pressez ENTER
  4. Pressez ENTER à nouveau pour entrer dans le mode de programmation.
  5. L’option proposée est de partir sur une adresse courte, ce que nous allons décliner en appuyant sur ENTER deux fois. L’adresse courte sera désactivée, pour le prendre en compte que la longue.
  6. L’adresse longue actuelle de la machine s’affiche. Tapez le nouveau numéro pour la machine. Pour notre exemple, ce sera 153. Appuyez sur ENTER.
  7. Appuyez sur 1 pour activer l’adresse longue. Ce sera à présent la seule adresse à laquelle répondra votre machine.
  8. Appuyez sur PROG/ESC deux fois.

C’est fait !

Cela semble long, mais avec un peu de pratique, c’est assez fluide. Et le manuel fourni l’explique très bien.

De là, vous pouvez « appeler » toute locomotive programmée, en tapant :

  1. SELECT LOCO
  2. le numéro de la machine
  3. ENTER

Créer un consist.

Bien entendu, l’intérêt d’une telle centrale est de pouvoir facilement grouper des machines, comme on le voit souvent en Amérique du Nord. Comme on peut l’imaginer après le début de la présentation, avec la Power Cab, c’est vraiment facile.

Prenons le cas des locos 151, 152 et 153 que l’on souhaite grouper en un consist. Les boutons dans l’encadré « CONSIST » vont nous servir.

  1. SETUP
  2. ENTER
  3. Le système propose un numéro pour le consist. À moins d’une folle envie de le changer (entre 112 et 127), prenez celui proposé, la centrale faisant le boulot pour vous. Bref, pressez ENTER
  4. La première machine du consist est à choisir. Souvent la machine de tête. C’est son numéro qui servira par la suite pour « appeler » le consist. Utilisez le clavier (pour nous, l a« meneuse » sera la « 151 »), puis appuyez sur ENTER
  5. La centrale demande dans quel sens la locomotive va avancer par défaut. Avec le bouton DIRECTION, changez entre « F » ou « R ». Le défaut est « F », vu que la 151 va vers l’avant. Hop, ENTER.
  6. Ajoutez la loco arrière au consist. Attention, il s’agit de la loco arrière. Pour nous, ce sera « 153 ». ENTER
  7. Donnez la direction de cette machine. Pour la 153, ce sera « R », car elle est dans l’autre sens par rapport à la 151 (cabines de conduite inversées). ENTER
  8. Ajoutez la loco intermédiaire au consist. Comme pour les fois précédentes, choisissez le numéro et le sens. Ici, ce sera « 152 », ENTER, « F » (si la cabine de la loco est dans le même sens que la 151), ENTER
  9. Là, la commande demande si vous avez d’autres machines intermédiaires. Si oui, reprenez comme au point précédent. Pour notre exemple, toutes les machines sont dans le consist : appuyez donc directement sur ENTER
    C’est fait !

Pour sélectionner un consist procédez comme d’habitude :

  1. SELECT LOCO
  2. le numéro d’une des machines du consist
  3. ENTER

Sur l’écran, c’est à présent CON (« consist ») qui est affiché au lieu de LOC. Le numéro de la loco de tête est affiché. Pour notre exemple précédent, qu’importe si vous sélectionnez 151, 152 ou 153, c’est CON: 151 qui sera affiché sur votre écran. Le sens de marche du consist est donné par rapport à la 151, la meneuse.

Appeler une seule des locos du consist pour la piloter n’est pas possible. Il faut supprimer la loco du consist pour l’opérer indépendamment des autres. Cela semble fastidieux, mais vu que la procédure pour créer un consist est simplissime [2], ce n’est pas un gros problème.

Pour retirer une seule loco d’un consist, pressez DEL, entrez le numéro et pressez ENTER. Le reste du consist reste intact [3]. Pour supprimer un consist entier et libérer toutes les locos d’un consist, pressez CLEAR, entrez le numéro d’une des locos du consist et pressez ENTER.

Vous avez des machines de pousse pour aider votre train à franchir un sommet ? La Power Cab gère aussi les consists de consists !

Évolution

Le système NCE est conçu pour « monter en puissance » très facilement. Les composants sont interopérables, avec une volonté que tout cela soit facile à utiliser.

Comme beaucoup de centrales US, la détection des court-circuits est présente mais un peu faible. NCE conseille d’ailleurs d’ajouter un détecteur de court-circuits performant avant que le système de base ne grille ! La première évolution est donc de rapidement acquérir un circuit breaker digne de ce nom, comme le EB1 de NCE ou bien un ou plusieurs modules PSX de chez DCC specialties [4].

Si votre réseau est grand, vous pouvez ajouter une autre commande, plus simple. Elle sera reliée à l’interface par le câble en spirale dont nous avons parlé plus haut. Vous pouvez aussi multiplier les interfaces où brancher votre télécommande. La Power Cab prend en charge jusqu’à trois télécommandes en sus de celle de base ; il faudra prévoir aussi les interfaces de connexion. Si la Power Cab devra toujours rester connectée, les autres commandes peuvent être changées d’interface en cours d’exploitation.

Si votre réseau est vraiment grand, ou que vos trains consomment beaucoup d’énergie (éclairage, gros moteurs, nombreux trains), il vous faudra passer par l’achat d’un booster d’alimentation. Le SB5 Smart Booster permet de passer à 5 ampères, avec 6 commandes. Votre commande Power Cab deviendra alors uniquement une télécommande, la fonction « centrale » étant prise en charge par le booster. Toutes les commandes, Power Cab incluse peuvent alors être changées d’interface en cours d’exploitation.

Si votre réseau est immense (même à l’échelle américaine) avec une dizaine d’opérateurs, l’ajout d’un booster PH Pro permet de monter jusqu’à 62 commandes (!) et, avec des sections bien séparées, de monter à 20 locomotives en HO roulant en même temps. D’autres boosters permettent de gérer d’avantage de locos. On change de galaxie...

Il exist un pack de départ « avancé » nommé Pro Cab, consistant en une commande, un booster et une alimentation. La télécommande Pro Cab est une Power Cab sans la fonction « centrale ».

Enfin, un module NCE/USB permet de brancher la centrale à un ordinateur. La commande est alors possible par toutes les options informatiques imaginables pour le DCC : programmation avec JMRI, pilotage sur smartphone via le wifi... Il faut cependant mettre un peu les mains dans le cambouis.

Récapitulatif

« En 2 heures on l’as prise en main et on ne peux plus s’en passer ! » - BUBULE

Les plus

  • Super ergonomie
  • pas de bouton rotatif, vive la molette !
  • facile à utiliser dès la sortie de la boîte
  • facilité à créer des consists
  • système évolutif (multi commande, centrale « centralisée », boosters...)
  • interface USB pour une commande avancée via un PC
  • endurante :

    « la mienne a pas loin de 400 heures d’utilisation et elle n’a jamais faibli. En expo, des utilisations continues de 7 à 8h sont courantes. » - BougnatMan

Les moins

  • SAV inexistant en Europe (pour la francophonie, on s’entre-aide sur le forum US ; réparer les rares cas de pannes reste possible)
  • nécessité d’acquérir un système anti-court-circuits, rapidement indispensable (aussi recommandé pour la concurrence)
  • La version sans fil n’est pas disponible/autorisée en Europe du fait des normes sur la radiocommande
  • Incompatibilité avec des accessoires Digital autres marques (dont la norme Loconet ou la Intellibox)

Le prix

Accessible pour 249,95 dollars US sur le site de NCE (alim US 110/230V ; hors promos chez les revendeurs).

Pour une centrale équivalente quant au niveau d’options et d’évolution, comptez sur les prix-constructeur suivants :

Tentant, non ? ;)


Digital ? Petits rappels.

La presse spécialisée à abondamment décrit le principe du Digital, ses avantages et ses inconvénient ; dans le modélisme ferroviaire, c’est un peu la querelle des anciens et des modernes. Mais force est de constater qu’une majorité de réseaux ne peuvent plus s’en passer.

Dès l’avènement des moteurs électriques miniatures, la commande des trains est directe : un transformateur fait varier la tension électrique envoyée à nos locomotives, celles-ci réagissent en fonction : plus il y a de courant, plus elles vont vite ou tractent de longs trains. Chaque locomotive répond directement à la source d’énergie qui l’alimente. Si plusieurs locomotives sont alimentées par la même source, elles réagiront toutes pareil ; il faut alors prévoir un système d’interrupteurs pour empêcher certains locos de bouger. On parle de commande analogique.

Arrivé dans les années 1990, le Digital Command Control (aussi appelé DCC ou juste « Digital ») consiste à avoir un micro-ordinateur (appelé « décodeur ») dans chaque locomotive. Chacun de ces micro-ordinateurs est contrôlé par une « centrale », combinant d’une source d’énergie et le moyen de dire à telle ou telle locomotive de faire telle ou telle actions. La commande des trains de dépend plus de la source d’énergie seule. Grâce au décodeur, la locomotive reçoit un ordre direct qui ne concerne qu’elle. Ainsi, elle bougera sans interaction avec les autres locos présentes autour. Le micro-ordinateur, alimenté en continu, commande le moteur de l’engin en fonction de ce que l’opérateur (via la centrale) lui ordonne. On parle de commande numérique ou, en anglais, de digital command.

Le Digital a aussi apporté des fonctions jusqu’alors réservées à l’élite des électroniciens du XXe siècle : commande des feux des locomotives (on peut séparer headlights et ditch lights, ces derniers pouvant clignoter comme sur le prototype), création d’unités multiples en quelques minutes, simulation de l’inertie ou limitation de la vitesse max des machines, etc. La plus grosse évolution reste l’ajout du son aux locomotives, avec la possibilité de commander le démarrage du moteur diesel, le sifflet, la cloche...

Le DCC est interopérable et universel. Les normes sont établies par la NMRA, le MOROP (normes NEM) et les constructeurs pour permettre que chaque machine fonctionne avec chaque centrale. Mais là, on entre dans des détails qui dépassent le sujet de cet encadré...


Notes

[1Le manuel présente comment avoir une voie de programmation dédiée. Et certains décodeurs, dont les NCE permettent de programmer directement sur le réseau ; un excès de prudence ne nuira cependant pas.

[2Je l’ai écrite de tête pour cet article, avant de vérifier la doc.

[3Si vous supprimez la locomotive meneuse, une opération supplémentaire est à prévoir, documentée dans le manuel.

[4Les PSX sont régulièrement cités comme la meilleure option, qu’importe la centrale.


À propos de l’auteur

Modéliste ferroviaire depuis l'adolescence, je travaille aujourd'hui sur un réseau en N canadien orienté opérations ferroviaires. J'aime aussi sortir des sentiers battus (la voie étroite n'est jamais loin) et réfléchir à la pratique modéliste.

Voir sa présentation et ses articles.

Sauf mention contraire, le texte et les photos de cet article sont disponibles sous licence Creative Commons BY-NC-SA.

Crédits : sauf mention contraire, texte et photos par BEn ; CC-BY-NC-SA ; Trains des Amériques, Trains des Amériques.

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