Trains des Amériques

Documentation

Les passages à niveau en Amérique du nord

Sauf mention contraire, Texte et photos : BEn
Trains des Amériques, mars 2024

Le passage à niveau est un lieu idéal de railfaning : le croisement de la route et du rail permet de bien voir les trains. En Amérique du Nord, ils ont leurs particularités que nous allons explorer.

Bien entendu, cet article n’est pas le guide pour découvrir LE passage à niveau type. Il y en a plein, fonction du lieu, de la date, de la route, de la voie ferrée, de la compagnie... Il faudra, comme souvent, se pencher sur la documentation pour trouver celui qui vous correspond. Regardez les sources photographiques votre prototype ou votre région de prédilection pour vous faire une idée.

Le minimum : un panneau marquant le PN
Robert Couse-Baker from Sacramento, California, CC-BY-2.0 (source)

Il y a cependant des éléments caractéristiques :

  • la signalisation marquant la rencontre rail-route
  • la signalisation avancée
  • la signalisation lumineuse
  • les barrières

Signalisation

1924 dans le Connecticut : un passage à niveau marqué par un panneau ovale !
auteur inconnu, domaine public (source)

Normalisation des signaux, aux USA et au Canada. C’est une croix de Saint-André dans les deux cas. Les États-Unis ont décidé de normaliser la croix blanche marquée « Railroad Crossing ». Les Canadiens, sans doute du fait du bilinguisme, sont partis sur une croix de Saint-André blanche avec un liseré rouge.

Aux États-Unis, les panneaux sont normalisés. La norme R15 couvre tous les panneaux du passage à niveau (croix, nombre de voies...). La norme W10 couvre les panneaux annonçant le passage à niveau. Le panneau I-13, bleu, vient de s’ajouter à la série : depuis les années 2020, il est obligatoire d’indiquer un numéro à appeler en cas d’incident, ainsi que le chemin de fer propriétaire de la ligne (qui n’est pas nécessairement l’exploitant).

Il y a deux autres langues majoritaires en Amérique du nord : le français et l’espagnol. Si le Canada a arrêté d’écrire sur ses panneaux de PN, ce n’est pas le cas au Mexique :

« Cuidado con el tren » (« attention au train ») indique le panneau standard Mexicain
El Sombrerero, CC-BY-SA 4.0 (source)
Autre signe pour passage à niveau au Mexique : « Cruce Ferrocalil »
« Croisement de chemin de fer », cela rappelle une autre langue ?
Carorangelb, CC-BY-SA 4.0 (source)
Panneau ancien, bilingue, en Gaspésie au Canada
« Traverse de chemin de fer » signifie bien que l’on va traverser la voie ferrée ! C’est d’ailleurs la traduction littérale de l’anglais, également présent sur le panneau : « railway crossing ».
Musée de la Gaspésie. Photo : Charles Huckins. Collection Chantal Soucy . P247/4/22, domaine public (source)

Un marquage au sol annonce le passage à niveau sous forme d’une croix de Saint-André encadrée de deux « R » signifiant « RailRoad ».

Marquages vu du ciel : le RXR est bien lisible, tout comme la ligne blanche marquant la limite d’arrêt
Michael Seeley from Melbourne, FL, United States, CC-BY 2.0 (source)
Passage à niveau privé
Les passages à niveau privés aux États-Unis sont constitués d’un panneau stop, avec un panneau rectangulaire indiquant le passage à niveau.
Oregon Department of Transportation, CC-BY 2.0 (source)

Signalisation lumineuse et sonore

Passage à niveau sans barrières sur une ligne du Norfolk Southern
Sur cette installation, la cloche d’avertissement est tout en haut du mat.
Emmett Tullos from Jackson AL, United States, CC-BY 2.0 (source)

Dans les années 1940 l’AAR a normalisé les cibles lumineuses : des lampes de 8 pouces montés au centre d’une cible noire de 20 pouces, les deux cibles était placées sur une ligne horizontale et séparées de centre à centre d’une distance de 30 pouces. Les lampes s’allument alternativement, et commandent l’arrêt immédiat. Les lampes sont passées à 12 pouces sur une cible de 20 pouces, les cibles actuelles faisant 24 pouces.

Ces signaux sont habituellement montés sur un mat vertical. Si la route est large, une potence (Cantilever) va placer une paire de feux au dessus de la route.

Un passage à niveau sans barrières, avec signalisation sur une potence
Xnatedawgx, CC-BY-SA 4.0 (source)

La signalisation lumineuse va souvent de pair avec une signalisation sonore, un son de cloche : ding-ding-ding-ding...

Les locomotives contribuent à la signalisation : elles doivent siffler pendant 15 à 20 secondes avant de s’engager dans tout passages à niveau public, mais pas plus d’un quart de mile à l’avance. Le signal sonore doit être composé de deux sons longs, d’un son court et d’un son long, répétés autant que nécessaire jusqu’à ce que la locomotive ait franchi le passage à niveau. Le niveau sonore requis pour les klaxons est compris entre 96 et 110 décibels, ce qui est rapidement invivable quand on habite à quelques miles d’une ligne fréquentée (vous savez, ce son dans la lointain de certains films). Aussi certains passages à niveaux sont équipés de klaxons montés sur un mat, qui dirigent un son vers la route.

Premiers signaux lumineux : le Wig-Wag
Popularisé dans les années 1930, il s’agit d’une cible qui se balance au bout d’un bras. La cible est une disque blanc avec une croix noire ; au centre se trouve une lampe rouge.
Marty Bernard from U.S.A., domaine public (source)

La détection des trains pour commander la signalisation lumineuse (et les barrières) date des années 1930. Il existe bien entendu des passages à niveau où la signalisation lumineuse est déclenchée manuellement, à l’aide d’une clé.

Sur les lignes extrêmement peu fréquentées, un feu de rignalisation routier remplace les signaux lumineux habituels
Xnatedawgx, CC-BY-SA 4.0 (source)

Barrières

Les barrières sont fonction du trafic. Il y a donc des routes à fort traffic qui ont des passages à niveau sans barrières. quand il n’y a pas de signalisation lumineuse permanente, le conductor est alors prié d’arrêter le trafic, ce qui est parfois épique. Après être descendu du train (qui marque donc un arrêt), il va utiliser un drapeau, un panneau stop porté en mains, ou, de nos jours, avec des fusées éclairantes rouges, pour demander l’arrêt. Et ce à des automobilistes qui n’ont pas fois pas envie d’être coincés par un train...

Fermeture en cours
Famartin, CC-BY-SA 4.0 (source)

Longtemps les barrières étaient actionnées à la main, par action directe, puis par des systèmes de chaînes ou de tringles, pour ensuite devenir motorisées. La couleur des barrières a toujours été choisie pour être visible : blanche, rouge, noire et blanches, avec ou sans systèmes de réflexion. elle est aujourd’hui standardisées en rouge et blanc, avec de petites lampes clignotantes rouges (sauf celle le plus au bout qui reste fixe). Le concept de barrière pivotante ou roulante n’a jamais pris en Amérique du Nord.

Passages à niveaux pour piétons

Il existe des passages à niveau pour piétons, dont les nombreuses formes peuvent être inspirantes à reproduire en modélisme. Les exemples sont très nombreux, et ne sont pas tous standardisés. Les exemples ci-dessous vous donneront une idée de la diversité !

Passage à niveau pour piétons à Mineola, NY
On notera la toute petite barrière : le matériel ferroviaire est souvent standard, qu’importe la largeur de la chaussée.
DanTD, CC-BY-SA 4.0 (source)
Passage à niveau pour piétons et vélos sur le LIRR
Ce passage à niveau à New York City présente la signalétique lumineuse habituelle pour piétons (à gauche), et le double feu rouge ferroviaire (à droite). Pas mesure de sécurité supplémentaire, la voie est barrée par une grille quand le passage à niveau est ouvert.
Jim.henderson, CC0 (source)
Passage à niveau pour piétons à South Jordan, Utah
Ici, la signalétique choisie est très simple : un panneau avertissant du possible passage des trains, et du fait qu’il le siffleront pas.
An Errant Knight, CC-BY-SA 4.0 (source)
Croisement entre un chemin et une voie à Beaverton Central Station, Oregon
Les marquages sont nombreux : au tout premier plan, au sol, une indication rouge « stop here » (« arrêtez-vous ici »). De l’autre côté, on voit les marquages podo-tactiles jaunes et les barrières destinées à bloquer les gens qui voudraient aller tout droit. Le marque RR avec une grande croix de Saint-André est présent sur la voie qui arrive vers le PN.
Pi.1415926535, CC-BY6SA 3.0 (source)
Passage à niveau pour piétons à Richmond, Colombie-Britannique
Le caractère Canadien est immédiatement visible ! On retrouve autrement un panneau stop et les barrières fixes en quinconce. Le petit ponceau ne demande qu’à être reproduit !
© 2024 Google (source)

Operation Lifesaver

Les passages à niveau étant des lieux dangereux, des campagnes régulières de prévention sont organisées. Operation Lifesaver a pour but de sensibiliser les piétons et les automobilistes aux dangers des passages à niveau.

Et cela a des résultats : les États-Unis sont passés de 12 000 incidents annuels en 1972 à 2 200 incidents « seulement » ont été recensés en en 2019, d’après les statistiques de la Federal Railroad Administration.

La matériel roulant n’est pas laissé de côté : outre les bandes réfléchissantes sur le matériel remorqué, on trouve quelques locomotives et cabooses aux couleurs de cette opération. De quoi penser aux passages à niveaux, même s’il n’y en a pas !

« See tracks ? Think train ! »
« Vous voyez des vois ? Pensez au train » est le slogan de l’Operation Lifesaver.
Sea Cow, CC-BY-SA 4.0 (source)

À propos de l’auteur

Modéliste ferroviaire depuis l'adolescence, je travaille aujourd'hui sur un réseau en N canadien orienté opérations ferroviaires. J'aime aussi sortir des sentiers battus (la voie étroite n'est jamais loin) et réfléchir à la pratique modéliste.

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